La sorcière illuminée ~

Si sa modeste extravagance la donne plus fantaisiste qu’autre chose, la belle s’aime assez à entretenir l’ambigüité de sa personne; ou tout moins l’image excentrique qu’elle renvoie. Elle diffère fort des ses congénères du fait de sa pensée toute aussi éprise de réalisme, qu’elle envisage pareillement d’y concilier une vision idéaliste. Elle aspire à réconcilier les esprits, à réunir les peuples. Rêveuse et ambitieuse, l’éventuelle visionnaire incomprise a pourtant bien le sens des réalités, y puisant une lucidité notable ainsi qu’une réflexion dénuée d’ignorance. Elle s’appuie dont tout autant sur des notions factuelles que des espérances, des projets peu crédibles voire absurdes aux yeux de ses camarades. Mais elle ne blâme pas leurs égos d’y voir la sottise et la naïveté d’une enfant. Bien que sa maturité ne soit plus à prouver. Et loin d’elle l’envie de signifier que des valeurs arriérées rongent ses semblables. Elle médirait presque farouchement du système les conditionnant si elle n’était pas navrée de savoir que chacun s’en accommode. Tout n’est que profits et plaisirs en ces terres, outre les devoirs que s’imposent les familles, et le fanatisme qui achèvent de façonner l’étroite vision de la multitude. Elle fabule à d’autres saveurs qu’un grossier raffinement pourrait bien lasser, telle que la simplicité des roturiers, ces travailleurs dont-elle admire la bravoure ou ces campagnes modestes. Et s’il n’y avait pas de tensions entre les peuples, nul doute qu’elle s’élancerait à l’aventure. Son ambition véritable ajoute à son aura fabuleuse, puisqu’elle a grand foi de parvenir à rallier maintes âmes à sa vision vertueuse, quand bien même il lui faudrait se heurter à l’église, afin d’éclairer la voix des égarés. Sa seule crainte étant que son aînée, qu’elle admire d’ailleurs et a su prendre en véritable modèle, la dénigre ou renie pour cela. Elle n’est d’ailleurs que peu tournée vers la religion à qui elle reconnait des qualités ceci dit, trouvant la discorde aussi absurde que le dogme, malgré qu’elle rende grâce au divin. Elle ne pense hélas pas lui devoir autre chose qu’un profond respect, détaché de l’admiration exagérée commune. Elle n’est du reste que peu dépensière, se dévoile des plus vertueuse et admirable. Puisqu’elle préfère transparaître dans la modestie, l’humilité et la charité lorsque faire se peut, tandis qu’elle néglige d’exalter dignité ou fierté. L’altruiste demoiselle affiche tant de modestie qu’elle est bien encline à se dénigrer quelque peu. Et elle voit de l’arrogance et de la sottise à chercher le paraître, et considère que la véritable noblesse se trouve dans l’âme. L’enchanteresse excentrique apparait autant en gente dame aux petites gens, qu’elle gratifie de sa grande bonté, là où elle se rie de susciter le ridicule chez ces pairs. Elle ne les blâme ni le les méprise, elle ne pense à médire que d’une ère de décadence sociale et intellectuelle en son parti. Mais elle se garde bien de trop signifier la nuance de ce genre de détails à ses congénères. Elle n’aime guère brusquer son monde, préférant instruire en toute subtilité, et en douceur. Si bien qu’elle tolère les fastes pour peu que certains ne se vautrent pas trop dans l’opulence. Car elle aurait tôt fait de faire leçon à un dépravé même le plus fortuné, un esprit trop malhonnête ou un abject hypocrite. Elle est enfin passionnée par les arts, comme la voltige ou la bataille amicale de bêtes magiques, notamment le chant où elle ose se produire, notamment aux soirées mondaines et pompeuses, tout en demeurant un esprit critique et ludique.